" Cliquez sur le titre sur
la nouvelle de votre choix "
L'ELEVEUR
QUI VOULAIT S'ELEVER
ou l'OPULENCE OSTENTATOIRE
LE
FLEUVE "TEMPS" ...
LE
PERE NOEL ... FACE AUX TECHNIQUES "EVOLUTIVES"
Tous droits réservés - Monique VAAS - 2005
Il n'empêche, l'auteur de cette étude, prénommée Clémence, (il en faut bien !) prenait conscience, au point d'en être presque angoissée, que "l'élément liquide" était si présent dans chaque vie qu'il faisait planer une menace constante de "débordements", d'accidents et ce, depuis la naissance ! Tous et toutes en étaient immanquablement dépendants ! A présent sexagénaire, elle avait vu le jour dans l'EURE et, déjà, cette charmante rivière avait manifesté quelques velléités de souveraineté ! Ne lui rappelait-elle pas constamment un concept de "ponctualité" qu'elle jugeait déjà bien embarrassant et tellement contraire à l'esprit d'indépendance qui la gouvernait qu'elle l'eut volontiers… noyé dans ses eaux ! Mais elle ne pouvait prendre le risque de se fâcher avec l'Eure, au demeurant si séduisante ! En effet, elle offrait une douceur, un charme qui, fort heureusement, tempéraient ses exigences et ses" suggestions" : ne lui octroyait-elle pas des "temps" de récréation inoubliables, lorsqu'elle l'invitait à la suivre, elle, la serpentine, s'insinuant gracieusement au travers des prairies, gorgeant le sol de promesses ! Elle rafraîchissait alors généreusement les racines des vigoureux pommiers ou favorisait la naissance des tapis de boutons d'or satinés qui éblouissaient partout les étendues verdoyantes !Tantôt, taquine, elle passait sous un pont, quand elle ne s'improvisait pas architecte, pour alimenter la roue d'un moulin insolite et bienvenu, en pleine campagne où il devenait une étape obligée ! En ce temps-là, Maria, sa grand-mère, l'accompagnait toujours essayant de nourrir l'esprit curieux de Clémence et lui affirmant que nul plaisir n'était supérieur à celui de "suivre le fil de la rivière", l'eau étant l'élément vivifiant par excellence, affirmait-elle ! Mais, quant à parler de fil, il en existait d'autre sorte et dont les bobines, à l'instar des vies, se dévidaient à vive allure… La mère de notre narratrice étant également couturière, il est évident que ce mot, d'une fragilité attendrissante, avait une place de choix dans les conversations ! A tel point que la petite fille qui grandissait parmi les articles de mercerie et les pièces de tissus, allait jusqu'à imaginer que la grande horloge normande du salon prêtait parfois ses aiguilles dorées pour participer à l'élaboration de précieux vêtements de cérémonie… C'était certainement pour cette raison qu'elle tombait quelquefois en panne, privant les occupants du logis de son tic-tac rassurant et de ses sonneries charmantes qui marquaient les heures et les demi-heures, pour que chacun puisse profiter au mieux du "temps qui passait", sans doute ! Car, pendant ces années d'insouciance, Clémence n'avait pas encore pris conscience de la fuite irréversible du maître TEMPS… mais, à présent, elle s'amusait à penser qu'un arrêt de ces pendules qui s'improvisaient, en tous lieux, "comptables" des heures d'existence d'êtres fatalement impuissants, ne pourrait équivaloir qu'à une sorte de "bonus" ! En effet, la faculté serait offerte de vivre, pour ainsi dire, "hors du Temps", aussi longtemps que les balanciers demeureraient ainsi immobiles, extérieurement comme à l'intérieur des logis ! Mais, sans quitter vraiment les rivières et les eaux de l'Eure, il faut faire place à celles de la Seine, ne nous éloignant pas encore de la Normandie, puisque l'auteur de ces réflexions vécut quelques années à Rouen, avant de s'installer à Paris et dans sa banlieue ! Il serait inopportun et injuste d'affirmer que la Seine est "malsaine" ou dangereuse, car le destin d'un seul individu, si particulier soit-il, ne saurait constituer un motif suffisant pour dégager des "généralités" et les établir ! Voyons plutôt cette Seine comme la suggestion d'un théâtre où, figurante involontaire, il fallait bien se "tenir en scène" ! A l'instar des comédiens qui voient leurs prestations récompensées par des tonnerres d'applaudissements, Clémence, sans être atteinte de surdité, en entendit fort peu qui ponctuaient ses "actes", bien qu'elle ait toujours "joué" son rôle consciencieusement et qu'elle ait été talentueuse même, elle aussi, dans divers domaines ! Le terme "joué" est à corriger, toutefois, car la sincérité, la candeur touchante dont faisait preuve "l'actrice" principale autorise largement le mot "tenu" à s'y substituer ! Oui, car elle "tenait" dignement son rôle, et "se tenait" elle-même de semblable façon ! A cette époque, le "fleuve TEMPS" brassait des eaux dangereuses, bouillonnantes, torrentielles et dévastatrices, manquant tout emporter par les passions, les chagrins, les épreuves qu'il imposait ! Et que ses "victimes" désignées aient résidé dans un château sur ses berges ou dans un modeste "pied-à-terre" (la péniche étant trop instable !), nul n'était à l'abri des surprises, des colères, des traîtrises d'un certain "courant" dévastateur auquel, même en courant…, il n'était pas possible de se soustraire ! Il faut bien dénoncer la tyrannie dont il fait preuve, ce "gouverneur", toujours aussi puissant, surprenant et redoutable ! Il ne nous désaltère un jour que pour mieux nous "assoiffer"le lendemain, alors qu'il ne cesse de "couler", insidieux et suggestif, jouant avec nos destinées, toujours contraintes à "naviguer" sur ses eaux, au gré de ses fantaisies et de son bon vouloir. Heureusement, le sort ménage parfois des temps heureux de "navigation" et, lors de voyages dont elle raffolait, Clémence avait collecté d'excellents souvenirs de croisières et de promenades sur cet élément liquide : elle avait ainsi fait connaissance avec le Bosphore, la Mer Méditerranée, l'océan entourant les îles grecques ou les mers ballottant les Ferrys qui l'emmenaient en Irlande ! Elle avait également découvert avec plaisir le vaste Saint Laurent, impressionnant par le dynamisme de ses flots ! Mais, parmi ces évocations, une mention spéciale est à accorder également au "beau Danube bleu", aussi séduisant que peut l'être la valse de Yohann Strauss qui l'a pris pour thème ! Et, à l'intérieur même de la France, les grands fleuves, Loire, Rhône, Saône, tout autant que la multitude des rivières ou des humbles petits ruisseaux avaient toujours séduit l'infatigable touriste, à juste titre admirative de ces éléments fluides et décoratifs. Parmi les multiples bruissements révélateurs de la proximité de l'eau, il en est un qui avait le don de réjouir et de stimuler Clémence : c'était celui des vigoureuses sources de montagnes, clapotant et cascadant sans cesse et dont la fraîcheur évoquée avait, sur son mental, les effets les plus bénéfiques ! Et puis, leur puissance évocatrice participait, elle aussi sans doute, à un inexplicable bien-être : des expressions, comme "remonter à la source" ou des suggestions d'analyse, par exemple, "connaître la source de…" (en excluant bien sûr, celle polluée de certains ennuis !). Bref, les sources, qu'elles soient paisibles ou qu'elles revêtent la forme de petites cascades, au sens propre comme au figuré, étaient appréciées et accueillies comme de charmantes compagnes bienfaitrices. D'autres eaux avaient été côtoyées par notre promeneuse, sans qu'il faille nécessairement en conclure qu'elles étaient alimentées par le "fleuve majeur", entendez le TEMPS intarissable ! Je fais allusion là aux eaux plus stagnantes : celles des étangs, des mares dont les villages sont souvent abondamment pourvus et qui, de surcroît, offrent un refuge à une population d'oiseaux ou de petits animaux s'y baignant : cygnes, canards, sarcelles, crapauds et grenouilles, etc. Certaines forêts en étaient pourvues et, au Printemps, des concerts de coassements étaient généreusement donnés, à la surprise du promeneur soucieux d'emplir ses poumons de l'air tonifiant des sous-bois ! Enfin, d'une ampleur plus impressionnante, des lacs splendides avaient été visités par l'héroïne de ce récit et, pour n'en citer que trois, le lac d'Annecy, le lac des Settons, en France et celui appelé "lac Majeur", en Italie, puis d'autres encore d'une exceptionnelle pureté, en Yougoslavie, par exemple. Clémence avait même pu entrevoir les poissons résidents et les algues dans les profondeurs d'une incroyable clarté, lorsqu'elle avait navigué sur ces étendues d'eau ! Quel spectacle ce fut et quelle opportunité d'apprécier ce qu'est un véritable miroir liquide, en se gardant, toutefois, de confondre les mots s'épancher avec "se pencher", car la stabilité des barques n'était pas à toute épreuve ! Et puis, sans s'égarer en digressions, il est opportun d'ouvrir une parenthèse pour confesser, qu'au cours de ces périples et des rencontres qu'ils avaient permis, la narratrice avait eu l'occasion de découvrir que certaines manières d'être "submergée" peuvent être fort plaisantes ! Certes, elles appartiennent au sens figuré et c'est peut-être ce qui les rend si appréciables… En effet, lorsque la joie, la reconnaissance ou l'émotion nous "submergent", c'est toujours sans méfiance et plaisamment que nous cédons à ce flot, lequel, inopinément, se permet de nous emporter, mais pour un "bain" délicieux où le risque de noyade étant tout relatif…, nous pouvons nous "laisser couler" ! Indépendamment de ces vastes étendues, l'enfance de la narratrice avait été constamment "rafraîchie" par la présence de fontaines, de bassins (son village natal en possédait un au sein d'un jardin dit public, aménagé avec des rocailles où la verdure était abondamment suspendue et où, là encore, des petits poissons exotiques multicolores jouaient les vedettes auprès des admirateurs de tous âges qui se prenaient à rêver d'aquarium personnel !). Dans la grande propriété familiale, il existait aussi un charmant petit bassin, aux formes arrondies, qu'avait aménagé avec goût le père de Clémence : il était bordé de pierres saillantes et de margelles qui tenaient lieu de jardinières. En effet, dans la terre qu'elles contenaient, le Maître des lieux avait eu la charmante idée d'installer des capucines vivaces et coquettes, semblait-il, puisqu'elles se penchaient imprudemment pour mirer leurs corolles au teint de flamme dans les eaux toujours claires et saines de ce joli bassin ! Et, passent l'enfance et l'adolescence… n'étaient des souvenirs vivaces et émotionnels que nous en conservons précieusement, tant que nous sommes épargnés par l'amnésie, le fleuve TEMPS emporte tous ces hier, tous ces moments vécus, quelles que soient leur intensité et leur richesse… Qu'en fait-il, alors, nous pouvons nous le demander ? Je le soupçonne, quant à moi, de les drainer vers l'océan primordial et d'être de connivence avec Poséidon, ce grand collecteur et ordonnateur de l'univers marin (peut-être faudrait-il "réactiver" le culte des Néréides pour s'assurer leur protection…). D'autant qu'après l'adolescence, l'âge qualifié d'adulte qui lui succède avale les années à une cadence inouïe, tout du moins est-ce l'impression qu'en ont tous les "plaignants" qui se retrouvent aux portes de la vieillesse, sans savoir pourquoi ils ont parcouru si rapidement un aussi long chemin ! Ils auraient tant voulu faire plus souvent "l'école buissonnière" ! Bien sûr, au cours de cette longue route, au temps de la plénitude des forces et des désirs, ils ont dû "réaliser", soit des "plans de carrière", soit des parcours itinérants et nomades ou encore, pour les plus raisonnables, des "constitutions de foyer", etc. Bref, à force de toujours s'investir, de s'acharner à vouloir construire (quoi que ce soit !), ce sont autant d'occasions de ne plus réellement "s'appartenir" auxquelles ils ont été finalement confrontés, s'y trouvant quelquefois littéralement piégés ! Jusqu'à cet âge prétendu "mûr", lequel à l'instar des fruits, est le dernier stade où l'ultime opportunité de "croquer" (à défaut de pouvoir encor se laisser "croquer", soi-même !) doit être saisie, car, le processus n'est que trop connu, ensuite, les saveurs se gâteront, puisque, après l'automne, viennent toujours l'Hiver et l'inévitable gel, redoutable, voire irréversible ! Que fait le TEMPS pendant ces périodes de "dégradation" augurée ? Résolu et confiant en ses pouvoirs de destruction, il attend ! Si vous n'entendez plus aussi distinctement que jadis ses eaux clapotantes, c'est peut-être que votre ouïe… dit non ! Non, aux contraintes de l'écoute ou bien, plus probablement, qu'elle faiblit, hélas ! Que pouvons-nous souhaiter aux êtres amoindris, valétudinaires dont la résistance physique est sur le point de capituler ? Tout d'abord et surtout, que la souffrance leur soit épargnée ou, à tout le moins, qu'elle soit brève ! Et formons des vœux pour qu'ils puissent RÊVER, encore et toujours, oui, constamment, rêver et de plus en plus fort, peut-être jusqu'à imaginer s'approprier ce "chant du cygne" le faisant leur (ce "leurre" bienvenu pour un ultime départ) : "Il était une fois une charmante dame, si lasse, tant exténuée qu'elle ne souhaitait même plus être capable de se tenir debout… Elle ne quittait donc plus la chambre spacieuse et luxueuse de son château où trônait un somptueux lit à baldaquin où elle se prélassait ! Elle l'avait fait installer dans la rotonde de la tour où d'immenses verrières lui permettaient d'admirer la campagne irlandaise environnante, après qu'aient été relevés les rideaux de velours vieil or qui auraient pu lui masquer le paysage, évidemment ! Aux pieds de ce château ( fort...ancien et majestueux !) coulait un grand fleuve impétueux, profond, qu'elle avait toujours traité tel un ami depuis des lustres, lui parlant et l'écoutant, désormais sans le voir, depuis qu'elle ne pouvait plus marcher pour se promener le long de ses rives… Cette pauvre comtesse épuisée, agonisait sous des paupières semi-closes masquant de grands yeux de jade qui allaient bientôt cesser de voir les paysages verdoyants et vallonnés qui constituaient le parc de sa propriété, avait "ramassé" ce qui lui restait d'énergie vitale, pour mettre en scène, selon ses désirs, les tout derniers instants de son existence. Elle se voyait et se voulait endormie à jamais dans ce grand LIT à dais de satin vert, glissant délicieusement dans… LE LIT DU FLEUVE, rebaptisé "TEMPS", son confident de toujours où elle "coulerait" une éternité bienheureuse, elle n'en doutait pas un seul instant ! Et le jour mémorable vint où, lorsque sa femme de chambre pénétra dans l'appartement où elle était confinée depuis trois semaines, elle constata tout d'abord que sa maîtresse se reposait paisiblement : un sourire charmant, de bon augure, semblait-il, flottait sur ses lèvres et ses mains fines étaient posées sur les draps de lin bleu, délicatement brodés… Mais, en réalité, elle était endormie pour toujours, ayant entrepris selon ses vœux une "autre navigation sur un fleuve dont elle n'avait rien à redouter puisqu'elle l'avait apprivoisé de longue date… Son parfum si délicat flottait encore dans la pièce et semblait, curieusement, en harmonie avec l'atmosphère étrangement silencieuse qui régnait, inhérente au deuil… Sans aucune intervention manuelle, le cartel ne ponctuait plus les heures, il s'était mystérieusement arrêté… par respect pour la défunte, sans doute…ou pour employer ses aiguilles dorées à une tâche ultime : coudre le linceul d'une grande dame amie ! Mais surtout, un touchant détail était révélateur : en effet, sur le plancher de chaîne ciré, un portrait ovale, encadré d'ébène, était tombé, brisant son verre protecteur : il avait libéré un visage d'homme, jeune et très beau qui, à présent, gisait au sol… après un dernier baiser, peut-être ? Il semblait bien être l'ultime vision qu'ait emportée la défunte, sans nul doute pour être accompagnée par l'Amour, sous les traits les plus plaisants… où qu'elle aille et à jamais ! Oui,
c'était bien une "autre navigation" qui venait
d'être
entreprise et, si le nocher qui allait guider la chère comtesse avait
les traits du prince charmant de ses rêves, elle n'avait rien à craindre
! Il saurait lui éviter le Styx infernal et les fâcheuses rencontres,
comme celle de ce redoutable quêteur d'obole macabre, nommé Charon
! Monique
VAAS |
Tous droits réservés - Monique VAAS - 2005
Sitôt après les fêtes de Pâques, sur un paquebot, vous embarquez, pour fuir "l'amer" quotidiennement servi... cependant que vous allez devoir y naviguer, sur la mer ! Situation paradoxale, voire cocasse, non ? Le "Boss" vous a permis de "faire le pont"... aussi, à bord de votre "flotteur géant", vous ne vous en privez pas et vous l'arpentez joyeusement, tout en bavardant avec un "compagnon occasionnel", maniaque des contradictions qui vous gratifie soudain d'un "tu divagues!"... Il n'en faut pas davantage, hélas !, pour provoquer un malaise et vous faire "replonger" la main dans le tube de "nautamine" (mine de rien !), c'est qu'il est sensible, votre estomac (presque autant que vous qui l'hébergez). De telles indélicatesses langagières vous mènent, contrainte et souffrante, à un "transat" où vous vous laissez choir littéralement, histoire d'affronter, sans risque de chutes, les remous, les embruns, les vertiges... bref, vous tentez courageusement de recourir, par l'esprit, à une certaine forme d'intemporalité salvatrice ! C'est alors que retentit à vos oreilles un léger carillon qui semble provenir du "pont supérieur"... Vous songez à en attribuer les sonorités aux effets secondaires des désagréments subis et des médicaments absorbés, lorsque vous parviennent des "voix", certes distinctes, mais bizarrement résonnantes et qui narrent une extraordinaire histoire émanant de cloches, embarquées elles aussi, mais incognito ! A Pâques, nous le savons tous, les cloches parlent ou font parler d'elles, quand elles ne voyagent ! Nos héroïnes conteuses sont au nombre de six... et elles ne rentrent pas précisément de Rome où la coutume les mène chaque année ! Non, non, pas le moins du monde car, en riant, elles affirment "à la volée" : qu'il n'y a Pâques..., pas que les chocolats qui soient un régal et Pâques... pas que le prestigieux Vatican et la Chapelle Sixtine qui soient encore dignes d'un pèlerinage ! Ainsi, vous ne tardez pas à apprendre que ces voyageuses dévergondées ont navigué sur le Bosphore, (récurrent "bosse fort", non?), bref, qu'elles reviennent tout bonnement... de Turquie ! Car, histoire de faire un peu de tourisme, les édifices ciblés 2005 étaient : Sainte Sophie et la magnifique Mosquée bleue ! Bon, entendons-nous, pour inhabituels qu'ils soient, ces objectifs ne pouvaient constituer matière à déclencher une guerre de religion, car, selon la sacro-sainte formule de ralliement, si "tous les hommes sont frères...", toutes les Cloches peuvent bien être universelles, curieuses et baladeuses ! Par ailleurs, pour enrichir leurs connaissances, il fallait qu'elles se mettent en en quête "d'éléments de comparaison", qu'il s'agisse d'architectures ou d'us et coutumes ! Ensuite et, sans fausse modestie, elles revendiquaient un titre paré d'un zeste d'intellectualisme, pour donner cet éclat incomparable et enviable à leurs bronzes d'origine (une sorte d'aura, bien à elles). Et puis, confiaient-elles, facétieuses, se sachant attendues partout en France par des milliers de gourmands, peu ou pas catholiques, elles avaient voulu innover, rompant avec les traditions, pour mettre cette année un "holà... aux chocolats" ! C'est pourquoi elles rapportaient, autant que pouvait en contenir leur habitacle protecteur, devinez un peu quoi ? : des loukoums, mais oui, vous avez bien entendu, des loukoums, car, ne sont-ils pas, eux aussi, d'appréciables "douceurs", à la fois colorés et savoureux ! Puis "dans le cadre des échanges entre pays voisins et amis", comme il y a désormais les euros, pourquoi ne pas faire circuler les loukoums ? Mais, pour en revenir aux évènements, plus volubile que ses consœurs, une Cloche narrait à présent la stupeur du muezzin, lequel avait eu le souffle et la parole littéralement coupés au cœur de ses exhortations par un carillon aussi surprenant qu'intempestif ! Une Cloche effrontée et catholique française, de surcroît, l'égrenait sous la coupole de la prestigieuse Mosquée Sainte Sophie, faisant preuve d'une audace inouïe et d'un irrespect le plus total des traditions ! Les Arabes présents, tous prosternés, ne s'en relevaient pas... Quel scandale ! Les reines incontestées de nos majestueux clochers avaient-elles perdu la raison, si tant est qu'elles en aient jamais été dotées en plus de leur fabuleuse résonance ! Dès lors, nul sujet de discussion ne l'emporterait à Istambul, dans les jours à venir, sur un événement aussi incroyable, sur une folie d'une telle "originalité ! A côté de cela, relégués au second plan risquaient bien d'être les performances des Derviches tourneurs, les Trésors de la civilisation Hittite du musée d'ANKARA ou ceux du prestigieux Palais de TOPKAPI et même, les mystères inhérents aux phénomènes naturels des cheminées dites "de fées" en Cappadoce. Car, s'agissant de valeurs, soudainement l'or, les diamants ou les pierres précieuses des civilisations anciennes semblaient avoir perdu jusqu'au sens du mot "éclat", tellement affaibli, face à cet autre "coup d'éclat" (ou même coup d'Etat !) dont les instigatrices n'avaient pourtant, pour oser soutenir la comparaison, qu'un authentique bronze gravé à offrir ! Mais, quant à son retentissement, il prenait un tel essor, qu'il risquait bien d'ébranler les opinions, les convictions et ne laisser personne indifférent, au sein des communautés religieuses que venaient de "survoler" les Cloches irrespectueuses ! Les conséquences immédiates et les perspectives de répercussions d'un tel "succès" les avaient tant grisées qu'elles en vibraient encore... et que l'émotion qui les agitait en demeurait... audible, ô, combien ! Aussi, pour recouvrer leur calme et peut-être leur "vocation originelle" (encore qu'elles étaient à présent déterminées à rompre avec une monotonie jugée inacceptable...), les Cloches se mirent à évoquer certaines anecdotes charmantes et non dénuées de fantaisie, ayant un rapport avec leurs projets d'avenir. En effet, cinq d'entre elles souhaitaient... changer de clocher, rien de moins ! Les cathédrales et basiliques étaient trop bruyantes, trop vastes pour communiquer... les Cloches résidentes s'y plaignaient d'isolement et d'une évidente incompréhension, regrettant, par ailleurs, (exception faite de quelques campaniles privilégiés) le manque de proximité d'arbres qu'elles souhaitaient bruissants et peuplés d'oiseaux ! Les monastères et les abbayes étaient en régression, dans les votes : certain vent glacial y soufflant dans les clochers, qu'ils soient gothiques ou romans ! Aucune, parmi les Cloches dynamiques et malicieuses s'exprimant ici, n'y trouvait matière à s'épanouir et le "ton de gravité" était à exclure d'emblée du registre de leurs sonorités ! Non, mais, et pourquoi pas le "glas", pensaient-elles ! La Cloche numéro 3, baptisée "La Ribaude" avait quitté son prestigieux clocher normand dit "Tour de Beurre, sans trop de regret. Pourtant, le ciel rouennais résonnait encore des prouesses de son sonneur attitré, mais elle avait vocation de s'installer modestement à présent au sommet d'une romantique église campagnarde et néogothique, lovée au sein d'un bois ! En effet, elle savait y partager désormais ses heures de loisir avec... une Chouette fort séduisante, laquelle, insistant pour la rejoindre, était devenue son amie bien que, par souci d'honnêteté, elle l'ait informée qu'elle serait souvent "assourdissante" (à son corps défendant) et que l'oiseau risquait d'y perdre l'entrain, voire l'appétit, sinon ses tympans et quelques plumes ! Rien n'y faisait, celle qui voulait devenir sa fidèle compagne répondait simplement et de manière rédhibitoire : "sache bien, jolie Cloche, que si la Chouette... "effraie" dit-on, rien ne l'effraie, quant à elle ! Ah, ces rapaces, quelle détermination, quelle classe ! Ils méritent bien un droit de cité : rapacité oblige ! Avant de conclure, pour sceller une alliance avec ces charmants rapaces (dignes représentant de la famille des strigidés), gageons que nos Cloches, généreuses elles aussi, donneront à leur retour des concerts nocturnes où certains hululements se mêleront désormais, en toute harmonie, à leurs carillons joyeux et sonores, orchestrés, qui sait, par un "grand Duc" novateur, paraît-il... Vous y êtes tous invités, d'autant que le programme doit inclure le récit intégral de leurs exploits récents, récit intitulé " Pâques à Istambul", narré sans fard (et sans accompagnement musical, pour une meilleure compréhension des faits !) Il va sans dire qu'une distribution des fameux loukoums est également prévue, "chouette" ! Quant à moi, je vous chouette... pardon, je vous souhaite de joyeuses Pâques 2005, que vous acceptiez de vous priver de chocolats ou pas !
N.B. : bien sûr, l'association des mots "Cloches/Art" n'est pas uniquement attestée sous les ponts de Paris... Certes, les authentiques et nombreux Clochards ont l'occasion (est-ce un privilège ?) de pouvoir, là, se "faire sonner les cloches" et entendre vibrer les carillons de la cathédrale séculaire, Notre-Dame, la prestigieuse. J'espère seulement qu'elle s'ingénie davantage à les protéger, charitablement, qu'elle ne songe à les assourdir ! Monique VAAS |
Tous droits réservés - Monique VAAS - 2005
Tous droits réservés - Monique VAAS - 2005